SAINTE
THERESE D'AVILA
AUTOBlOGRAPHIE
(extrait...)
chapitre
35, 13-14 :
13. O
mon Seigneur, comme on voit que vous êtes puissant!
Il n'y a pas à
chercher les raisons de vos volontés, car transcendant toute raison naturelle,
en rendant tout cela possible, vous nous faites comprendre qu'il nous suffit de
vous aimer vraiment et de tout quitter pour Vous, mon Seigneur, pour que Vous
facilitiez tout. Il sied de dire ici que votre loi feint la difliculté
; car je ne vois pas, Seigneur, je ne comprends pas qu'on dise que le chemin qui
conduit vers Vous est étroit. Je vois que c'est une route royale, ça
n'est pas un sentier, et quiconque s'y engage vraiment marche plus sûrement.
Les cols, les rochers où l'on risque la chute sont très loin, car
les occasions sont lointaines.
J'appelle
sentier, mauvais sentier, chemin étroit, celui qui domine d'une part une
vallée très profonde où l'on peut tomber, et de l'autre un
précipice; à la moindre distraction, on est précipité,
et déchiqueté.
14.
celui qui vous aime vraiment, mon Bien, est en sûreté sur une route
large et royale; le précipice est loin; à peine a-t-il bronché
un tantinet que Vous lui tendez, Vous, Seigneur, la main. S'il vous aime et n'aime
pas les choses du monde, il ne lui suffit pas d'une, mais de beaucoup de chutes,
pour se perdre; il marche dans la vallée de l'humilité. Je ne peux
comprendre pourquoi on craindrait de s'engager sur le chemin de la perfection.
Plaise au Seigneur, dans sa bonté, de nous faire comprendre que le grand
danger est de nous sentir en sûreté lorsque nous suivons la foule,
il y a là un danger manifeste, et la vraie sécurité est d'aller
très loin sur le chemin de Dieu. Les yeux fixés sur Lui, nous n'aurons
pas à craindre que ce Soleil de Justice se cache et qu'il nous laisse nous
perdre dans la nuit, si nous ne commençons pas par l'abandonner, Lui.