SAINT
JEAN DE LA CROIX Le
Cantique spirituel commentaire
de la strophe 1 Dans
cette première strophe, l'âme éprise d'amour pour le Verbe,
Fils de Dieu, son Époux, désire s'unir à lui par claire et
substantielle vision, lui expose ses anxiétés d'amour, et se plaint
à lui de ce qu'il est absent. Sa plainte est d'autant plus fondée
qu'après avoir été blessée de son amour, et s'être
détachée de toutes les créatures et d'elle-même, elle
doit encore souffrir de l'absence de son Bien-Aimé, car il ne l'a pas dépouillée
de sa chair mortelle pour lui permettre de jouir de lui dans la gloire éternelle.
Aussi elle s'écrie: Où vous êtes-vous caché? Ce
qui veut dire:
O
Verbe, ô mon Époux, montrez-moi le lieu où vous vous êtes
caché? Par ces paroles, elle demande au Verbe de lui manifester son essence
divine, car le lieu où le Fils de Dieu est caché est, d'après
saint Jean (I, 18), le sein du Père, c'est-à-dire l'Essence divine
inaccessible au regard mortel et caché à toute intelligence humaine.
C'est là ce que dit Isaïe en ces termes:
« Vous êtes vraiment un Dieu caché (Le copiste avait mis escogido,
choisi; mais le Saint l'a corrigé en mettant escondido, caché. Is.
XLV, 15). » Il
faut remarquer ici, pour trouver cet Époux autant qu'on le peut en cette
vie, que le Verbe, en union avec le Père et le Saint-Esprit, réside
essentiellement au plus intime de l'âme où il se cache. Aussi l'âme
qui doit le trouver par union d'amour doit détacher sa volonté de
toutes choses créées, entrer dans un profond recueillement au-dedans
d'elle-même, et là, entretenir des rapports pleins d'affection et
d'amour avec Dieu, en considérant le monde entier comme s'il n'existait
pas.
Voilà
pourquoi saint Augustin, s'adressant à Dieu dans ses Soliloques, lui dit:
« Seigneur, je ne vous ai point trouvé en dehors de moi; c'est que
je vous cherchais mal au dehors, puisque vous êtes en moi » (Sol.,
31). Dieu est donc caché dans l'âme, et c'est là que le vrai
contemplatif doit le chercher en demandant:
Où vous êtes-vous caché? » Lire
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