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"La vie religieuse est tout entière un don : un charisme"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"L'Esprit-Saint est le coeur de la vie monastique"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

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Esprit-Saint et vie monastique

 

 

Quel est le rapport particulier de l’Esprit-Saint avec la vie monastique? C’est une question que l’on peut se poser. Dans la vie chrétienne, dans la vie de tous les chrétiens, on n'accentue pas encore assez l’intervention absolument nécessaire de l’Esprit-Saint pour mener une vie chrétienne. En sorte que le Christ est quelqu’un qu’on aime... mais en le tirant de son propre coeur, en faisant des efforts et auquel on croit comme en un homme merveilleux... On peut alors juste espérer que les chrétiens reconnaissent en lui le Fils de Dieu.

Le Christ et l'Esprit-Saint sont, comme dit saint Irénée, les "deux mains du Père". Sans l'Esprit-Saint, il ne nous est pas possible de suivre le Christ.

Je pense que cette dimension est encore très souvent absente. Elle est pourtant indispensable, sinon on réduit la foi chrétienne soit à du psychique, soit à de la rationalité  (une certaine compréhension du mystère, qui n’est évidemment pas mauvaise mais qui reste trop humaine, saint Paul dirait trop charnelle, c’est-à-dire à la force de l’homme) ; soit à du sentiment. Cela ne veut pas dire qu’il n’y a rien qui parle à notre raison dans la foi ou que le sentiment ne peut pas être présent dans notre vie de foi. Mais l’essentiel n’est pas là. Le jour où on ne peut plus comprendre ce qui se passe ou on ne sent plus rien, cette foi, eh bien, cette foi, elle va s’effondrer. La foi est bien autre chose. C’est l’Esprit-Saint qui nous donne une foi vivante.

Quel est le rapport particulier de l’Esprit-Saint à la vie monastique ?

Si nous voulons vivre la vie monastique, comme une vie d’appartenance radicale à Jésus "nous ne nous appartenons plus à nous-mêmes"... cela veut dire, ni notre corps, ni notre temps, ni nos parents et nos proches, ni notre intelligence... plus rien ne nous appartient, tout est au service du Royaume, en nous d’abord et pour le salut du monde. Nous sommes associés à la vie de Jésus.

Nous sommes d’emblée dans une existence impossible à vivre par l’homme, si du moins elle veut atteindre le rayonnement que Dieu et le Christ en attendent. La vie religieuse, elle est tout entière un don : un charisme. Elle est un don de l’Esprit et que l’Esprit fait à l'Eglise. Donc, ce don il est fait à chacun(e) de nous. Donc, notre vie elle-même est un "don " . Nous devons la recevoir comme un don. C’est-à-dire que nous devons être dans cette réceptivité qu’est la foi pour adhérer à Dieu. C’est ça la foi. L’adhésion à Dieu fait que cette vie s’écoule continuellement en nous, cette vie nouvelle à laquelle nous faisons place par l’ascèse.

Donc, l’Esprit-Saint est à la source de la vie monastique. Je dirais que ceci est encore plus vrai pour la vie monastique que pour la vie religieuse qui s’occupe de tâches humaines parce qu’on peut encore en comprendre la raison d’être tandis que la vie monastique est totalement incompréhensible sans le mystère de Jésus. C’est une première chose. De plus, cette vie dépasse nos forces. Vous pouvez voir la moindre petite soumission à Dieu, comment nous pouvons tout faire pour échapper... l’obéissance n’est vraiment pas quelque chose de naturel. La simple soumission dans les plus petites choses qui brisent notre orgueil, notre amour propre et notre jugement propre, c’est déjà quelque chose qui dépasse nos forces. Si nous ne demandons pas la force de Dieu, nous allons continuer notre petit train-train de petites histoires, où nous ne cédons pas dans notre volonté propre et notre jugement propre. L’Esprit-Saint est absolument à la source de la vie monastique. Il faut se laisser animer par l’Esprit-Saint.

Il faut beaucoup demander l’Esprit-Saint pour que notre vie devienne vraiment... vraiment spirituelle  ! En sorte que notre psychisme en soit transformé et notre corps. Ce n’est pas l’esprit qui se soumet au corps, c’est l’inverse. Le corps doit se soumettre à l’esprit. La vie spirituelle ne vient pas en second" quand j’ai bien mangé et bien dormi" ! Non ! Nous subordonnons la vie de notre corps, la vie de notre intelligence et de notre volonté, à l’Esprit-Saint pour qu’il vienne les transformer et les rendre des purs réceptacles de l’action de Dieu - parce que comme nous l’avons vu dans le Catéchisme de l’Eglise Catholique et dans la Liturgie de cette semaine, l’essentiel de l’Esprit-Saint est d’être une personne agissante. Jésus, on pourrait dire qu’il est un témoin, il est Lumière.. mais l’Esprit-Saint, il agit... et c’est ainsi que nous connaissons Jésus. C’est ainsi que Jésus se manifeste : c’est par son action. L’Esprit-Saint est quelqu’un, je dirais, d’extrêmement  vivant, qui est tout le temps en oeuvre en nous pour nous appeler à aller plus loin, à nous dépasser...

Donc, l’Esprit-Saint est vraiment le coeur de la vie monastique. A la fois comme source et à la fois comme force.

Il y a alors un second aspect. C’est que l’action de l’Esprit-Saint se diversifie selon les familles religieuses. Si nous voulons vraiment entrer dans ce charisme de saint Bruno il faut comprendre le profond dessein de Dieu : nous entrons dans cette vie selon saint Bruno par amour du Père, qui nous demande de vivre ce charisme aujourd’hui, parce qu’il s’agit bien de cela : tout vient du Père... ce n’est pas parce "ça me plaît " ou que saint Bruno m’attire... c’est avant tout une tâche. Le salut du monde dépend de ce charisme auquel nous répondons. Parce que l’Esprit-Saint nous le donne, il répond à un besoin de notre temps. Nous en sommes sûrs parce qu'Il ne nous le donnerait pas sinon ! Nous avons donc absolument besoin de l’Esprit-Saint pour entrer, pour participer, pour recevoir ce charisme de saint Bruno qui est une primauté absolue de Dieu. Je souligne tout de suite que cela ne veut pas dire uniquement la prière. Je vous l’ai déjà dit, ne réduisons pas la vie monastique à une vie de prière. Non ! C’est une vie de combat. Combat avec nous-mêmes, combat contre le Mal...

Il y a un "combat" qui bien sûr demande la prière et est une prière, mais qui est surtout un acte de foi. Nous avons donc absolument besoin de l’Esprit-Saint pour mener ce combat comme Jésus au désert. L’Evangile dit : "Jésus est poussé par l’Esprit-Saint au désert". S’il n’était pas conduit par l’Esprit, que deviendrait son séjour au désert. Jésus est rempli de l’Esprit-Saint. Eh bien, nous, si nous voulons mener une vie du désert, qui soit digne de Dieu, nous devons nous laisser remplir de l’Esprit-Saint. Nous devons nous vider de nous-mêmes pour nous laisser remplir de l’Esprit-Saint. Il n’y a pas que le péché qui fait obstacle à l’Esprit, il y a aussi notre nature, notre vieil homme qui est naturel et qui paraît bon mais qui en fait résiste à l’Esprit-Saint.

Nous sommes appelés à être remplis de l’Esprit-Saint, comme les apôtres au matin de la Pentecôte.

Alors, je vous invite, encore ce soir, à d’abord vous repentir de ce qui même aujourd’hui à été volonté propre, jugement propre, attachement à des choses qui ne sont peut-être pas du tout ce que Dieu voulait (même dans les plus petites choses, est-ce que je me suis quitté moi-même ). L’ermitage ?... oui... mais ça dépend ce qu’on y fait ! Donc, il n’est pas trop tard pour essayer de nous ouvrir totalement à l’Esprit-Saint, de demander pardon à Dieu de ce qui n’a pas été dans son sens.

Je voudrais que demain, nous donnions le ton d’une liturgie vraiment priante. Je voudrais vous demander de faire un effort pour vous mettre à genoux - et pas à genoux assis, mais "à genoux" - quand nous invoquerons l’Esprit-Saint. Ceci pour marquer l’urgence de la prière.

Vous voyez au Baptême de Jésus c’est lorsque Jésus est en prière que l’Esprit descend sur Lui. Nous aurons demain à la Messe cette belle séquence adressée à l’Esprit-Saint où on Lui donne tous les attributs les plus merveilleux qui soient. Eh bien, mettons-nous à genoux, donnons la note. De même que dans le verset de l’Evangile soyons des priants demain, soyons des hommes et des femmes qui reçoivent vraiment l’Esprit-Saint, qui en toute humilité se mettent à genoux devant Dieu comme des pauvres, comme des pécheurs qui ont un besoin absolument vital de l’Esprit-Saint. Alors demandons aussi que non seulement ils répondent à nos besoins mais que nous devenions des hommes et des femmes de l’Esprit, c’est-à-dire des hommes et des femmes qui déploient sa puissance dans le monde pour aider tous les autres qui luttent et qui peinent avec toute la pesanteur des idoles et d’autres choses... Laissons-nous vraiment saisir par l’Esprit pour devenir des hommes et des femmes de Dieu.