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" l'enfant dans le sein de sa mère"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"Je suis collé à Dieu. Adhérer!"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"...vous voyez ce discernement avec les apôtres dans le livre des Actes des Apôtres"

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

"le serpent multiforme est chassé des trésors de l’âme..." st Diadoque de Ph.

 

 

 

 

 

 

 

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Le discernement 2:
Le règne de l’Esprit


 

La semaine passée, je vous ai parlé de l’Esprit-Saint en vous disant que discerner c’est adhérer à Dieu. Je ne sais pas si l’image suivante suggère en vous quelque chose : pensez au papier adhésif, il n’y a pas de distance entre la paroi et le papier, tout est recouvert, ça se tient. Eh bien, c’est cela adhérer : il n’y a pas de distance, il n’y a pas d’interférence ; j’adhère, je suis dans le milieu divin dans lequel mon baptême m’a plongé.

J’adhère à Dieu comme un petit enfant dans le sein de sa mère. Je suis porté. Il n’y a pas de distance. Ce qui crée la distance ce n’est pas l’Esprit-Saint, ce n’est pas cela le discernement que de créer des distances, c’est au contraire rester proche.

Adhérer. Comment le dire autrement ?  "Je suis collé à Dieu ! "

Qu’est-ce qui me permet de vivre comme cela ?

Je pense que c’est d’abord la certitude que je suis enveloppé dans un grand amour, que je suis enveloppé de l’Amour de Jésus. Et le Père aussi m’enveloppe. Il y a de belles expressions dans les psaumes : comme la prunelle de l’oeil, porté sur tes ailes… tout cela sont de petites images pour dire combien le rapport est intime. Il est proche ! et cette proximité, elle vient de Dieu. L’Amour du Christ nous enveloppe. L’Amour du Père nous porte. Je n’ai pas d’autre image que celle de l’enfant dans le sein de sa mère. Cela c’est l’Esprit-Saint qui le réalise. Quand je reste avec l’Esprit-Saint je suis en Dieu, je suis dans mon liquide natal, je suis dans le milieu pour lequel je suis fait.

-Ensuite, le secret de cette adhésion c’est la pauvreté. Oh, pas une belle pauvreté ! Pas une pauvreté que j’imagine. Je dirais, en regardant ma propre vie, que j’ai appris que tout l’apprentissage est de passer d’une pauvreté qui me fait peur à une pauvreté bienheureuse. Je suis heureuse d’être pauvre parce qu’alors j’ai tout le temps besoin de Dieu. Que serais-je sans Dieu ? Je ne suis rien du tout ! Je ne possède même pas ma propre vie, je suis entièrement dépendante de Dieu ! C’est une pauvreté bienheureuse qui fait tout le temps rechercher Dieu… et pas le rechercher comme si Dieu ne se donnait pas, parce que le mouvement il part de Dieu. Dieu veut se donner à moi et moi, c’est ma pauvreté qui fait qu’il y a place. C’est la pauvreté dont parlent les Béatitudes :

"Heureux les pauvres de coeur, le Royaume des Cieux est à eux".


Ce Royaume des Cieux c’est le règne de l’Esprit en nos coeurs. Je peux être sûr de cette réalité. Depuis mon baptême c’est l’Esprit qui est établi en mon coeur, en dépit de mes péchés… sauf si vraiment je le chasse, mais laissons çà.

L’Esprit règne dans nos coeurs… Donc, je suis sous le règne de l’Esprit et je peux adhérer à cet Esprit, je peux rester là, en sachant que cet Esprit me visite continuellement, me donne son souffle… Mon indigence, qui est radicale, devient alors un bonheur parce qu’elle m’ouvre constamment à Dieu.

Ceci est déjà vrai pour ma vie naturelle : je reçois constamment ma vie de Dieu. La Création ce n’est pas quelque chose d’il y a pour moi septante ans et pour vous d’il y a vingt-sept ans… non, c’est quelque chose d’actuel : Dieu maintient mon existence.

Que dire alors de la vie de la grâce ? C’est vrai, c’est un mystère… je ne sais pas la prendre, c’est tout a fait impossible. Je vous ai déjà parlé de l’image du feu, on ne sait pas prendre le feu, je ne sais pas prendre l’Esprit-Saint. Pourtant j’en ai un besoin vital : sans l’Esprit-Saint, je ne sais pas vivre, je n’ai pas de souffle, je n’ai pas force, je n’ai pas de lumière, je n’ai pas d’horizon, je ne vois pas le sens de ma vie, mais avec l'Esprit-Saint je vois bien.

Toute ma vie c’est le bonheur d’être avec Dieu, c’est d’être transformé par Lui : rester là, en sachant que Lui est là, que je suis dans sa main et que cette proximité me protège, me garde, me fortifie, me fait vivre, m’éclaire… Alors, il y a toutes les aides de Dieu qui m’entourent… En premier lieu mon Ange Gardien. Il a ce même esprit, on sent ce bon esprit, il veut m’aider, m’encourager, il me donne l’amour du bien, il me fait goûter la paix, il me fait retourner vers ce qui est bon, vers ce que est beau, vers ce qui est vrai… Il y a aussi les amis, les amis qui sont des personnes vivantes et qui poursuivent avec moi le même chemin ; puis il y a les livres, il y les amis de l’extérieur... Tout cela me maintient dans l’adhésion à l’Esprit-Saint, alors je reste dans le bon esprit et tout le reste en découle. Je ne dois pas me casser la tête pour beaucoup de choses, je reste dans le bon esprit et ma vie s’écoule dans le bon esprit. Tout découle de là, je n’ai pas à poursuivre des choses… Je reste collé à Dieu. Adhérer !

Comment ? En sachant que je suis pauvre. Je me connais pauvre, je sais que je suis pauvre et je ne m’en attriste pas, bien au contraire, je suis très contente d’être pauvre comme ça je peux tout recevoir… et si j’ai tout à recevoir, alors Dieu est toujours à l’oeuvre !

C’est ça le discernement. C’est quelque chose d’extrêmement simple, mais qui demande, je dirais, cette légèreté de quelqu’un qui n’est attaché à rien. Cela demande une sorte de détachement continuel, être comme un enfant. Pourquoi est-ce qu’un enfant peut vivre comme ça ? Eh bien, parce qu’il se sait radicalement aimé, il sait qu’il y a quelqu’un qui prend soin de lui ! Il ne vit pas avec des soucis, il ne vit pas avec des peurs… quand il a de vrais parents, il sait très bien qu’il y a quelqu’un qui veille ! Eh bien, Dieu est comme cela pour nous. Nous savons que Dieu est comme ça, Jésus nous la dit, Il a lui-même vécu comme un tout petit enfant, blotti dans le sein du Père… c’est comme ça qu’Il a traversé le monde avec courage, avec audace, avec confiance, avec cette douceur pour tous les hommes qui accueillent son message… Jésus passe ! Pourquoi ? Parce qu’Il est blotti dans le sein du Père, Il est aimé d’un amour indéfectible, c’est son assurance, c’est sa confiance, c’est le coeur de son coeur…

Alors nous aussi, si nous vivons là, dans notre coeur profond, eh bien l’esprit du mal ne peut pas venir. Il ne peut pas venir là ! Il est incapable de venir là ! S’il vient frapper à ma porte, à la porte de mes raisonnements, de mes sensibilités, de mes sensibleries, je ne suis pas là ! Je suis ailleurs moi. Je suis dans mon coeur profond :" rien à voir avec toi ! " .

C’est une autre façon de vivre. Je vis dans le coeur profond. Quand je suis au niveau du coeur le mal ne peut pas m’atteindre. Alors quand je sens qu’il vient, hop je retourne dans le fond du coeur : " Je ne suis pas là, je ne suis pas là pour toi ! C’est tout !".

Cette attitude intérieure donne cette simplicité d’une vie qui reçoit tout, jour après jour, heure après heure, minute après minute… Je me sais pris en charge ! Je reste dans cette assurance qui est l’assurance propre des enfants de Dieu. Je n’ai pas à craindre et c’est ça discerner. Et vous voyez ce discernement avec les apôtres dans le livre des Actes des Apôtres. Ils ont une belle assurance, ils passent à travers tout, ils ont une certitude que Dieu est avec eux, qu’Il les aide, et ils passent a travers des situations invraisemblables ! Ils ont une sorte d’assurance d’être aimés, d’être entourés, d’être enveloppés dans l’Amour de Dieu qui fait qu’ils passent à travers.

Je ne sais pas si cela va vous intéresser, je voulais vous apporter une lecture – je dois dire que c’est un de mes auteurs préférés parmi les Pères –, il s’agit de Diadoque de Photicé. Diadoque de Photicé est un évêque pénétré de la vie spirituelle. On sait qu’il a connu la grande tradition monastique au désert et qu’il porte une expérience personnelle, son langage n’a rien de systématique. On sent qu’il parle d’expérience. Je vous lis un tout petit passage sur le baptême :

"Si jadis l’erreur régnait dans l’âme de même après le baptême c’est la vérité qui règne sur elle. (…) Pour moi, les Saintes Ecritures et mon propre sens intellectuel me font comprendre qu’avant le saint baptême la grâce exhorte du dehors l’âme au bien, alors que Satan se tapit dans ses profondeurs cherchant à barrer toutes les issues de l’esprit de la grâce. Mais dès lors de notre régénération, c’est le démon qui passe au-dehors et la grâce au-dedans. Nous découvrons alors que si jadis l’erreur régnait dans l’âme, de même après le baptême c’est la vérité qui règne sur elle. Néanmoins, Satan continue d’agir sur l’âme comme auparavant et même pire, plus souvent, non qu’il coexiste avec la grâce, loin de moi cette pensée, mais on dirait qu’il obnubile l’esprit de la douceur des désirs irrationnels et cela arrive par la permission de Dieu, afin qu’en passant par la tempête et le feu de l’épreuve, l’homme parvienne s’il le veut à une jouissance du bien. Car il est dit : '' Nous avons passé par le feu et l’eau et vous nous avez amenés au rafraîchissement''. Plus loin :''Le Saint-Esprit s’établit en nous et met le péché en fuite", il n’est pas possible en effet que dans une âme dont l’empreinte est unique et simple deux personnages viennent s’installer comme certains l’ont cru. Car lorsque la grâce divine s’adapte par le saint baptême, dans une dilection infinie aux traits de l’image divine, en gage d’une ressemblance future, où peut trouver à se nicher le personnage du malin étant donné surtout qu’il n’y a rien de commun entre la lumière et les ténèbres. Nous croyons donc, nous les coureurs des saintes luttes, que, par le bain de la régénération, le serpent multiforme est chassé des trésors de l’âme ; mais ne nous étonnons pas si après notre baptême nous avons encore de mauvaises pensées au milieu des bonnes ; car si le bain de sainteté nous enlève la souillure du péché, il ne change pas maintenant la dualité de notre vouloir et n’empêche pas les démons de nous faire la guerre ni de nous adresser des paroles trompeuses, afin que ce que nous n’avons pas su garder quand nous étions psychiques, nous le conservions, en prenant les armes de la justice, par la puissance de Dieu"

Vous voyez cette assurance que l’Esprit est là, que c’est lui qui règne même si on peut encore être embêté par des tas de choses… C’est l’Esprit qui règne ! Vivre dans cette certitude là, vivre dans cette adhésion en Jésus, au Père, à l’Esprit-Saint (selon les moments qu’on vit), eh bien c’est rester dans le bon esprit, c’est recevoir la vie éternelle. Et c’est ça discerner.